Emma d'ATMB
- 09/09/2025
Culminant à 2 469 mètres d’altitude, le col du Grand-Saint-Bernard se situe en Valais sur la commune de Bourg-Saint-Pierre. Situé non loin de la frontière avec l’Italie, ce col est un passage entre le Mont Mort et la pointe de Drone, deux montagnes de la frontière italio-suisse. Le col du Grand-Saint-Bernard est le 3e plus haut col routier des Alpes. Il est aussi le 7e col le plus haut d’Italie.
Le saviez-vous ?
Auparavant, le col du Grand-Saint-Bernard était appelé le col du Mont-Joux.
À l’origine, la route n’était qu’un simple chemin muletier. Ce dernier était étroit, raide et impraticable pour les attelages.
Ce n’est qu’aux alentours de 41 – 54 après JC., lors du règne de Claude, que cette route s’amĂ©liore. Elle est rendue carrossable et accessible aux chars qui, auparavant, ne pouvaient l’emprunter uniquement l’étĂ©.
La route qui reliait Aoste, anciennement Augusta Pretoria, à Martigny (forum Claudii vallensium) était jalonnée de bornes militaires.
TracĂ©e en 1905, la route carrossable se trouve sur une pente d’environ 9 %. L’hiver, la route est impraticable, elle reprend du service uniquement Ă la belle saison, lorsque la neige a suffisamment fondu. Pour rendre cette liaison praticable toute l’annĂ©e, un tunnel routier payant de 5 850 mètres voit le jour en 1964. La route d’accès au tunnel est couverte, l’entrĂ©e nord qui se situe cĂ´tĂ© valais se situe Ă 1 918 mètres d’altitude, l’entrĂ©e sud qui se situe quant Ă lui cĂ´tĂ© valdĂ´tain se trouve Ă 1 875 mètres.
Même avant la création de ce tunnel, le col du Grand-Saint-Bernand a toujours été un lieu de passage.
Napoléon Bonaparte a franchi quelques fois ce col. En témoigne un tableau du peintre Jacques Louis David intitulé Le Premier Consul franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard. Sur cette œuvre, nous pouvons apercevoir Napoléon Bonaparte monté sur un fougueux cheval. C’est lors de la campagne d’Italie, en mai 1800, que l’ancien empereur aurait passé ce col avec 40 000 hommes.
L’info en plus :
Même si le tableau représentait un cheval, Napoléon Bonaparte aurait en réalité franchi ce col à dos de mulet. Ce dernier est un animal jugé plus sûr pour les sentiers de haute montagne.
Mais ce passage était fortement utilisé bien avant le passage de Napoléon Bonaparte. En effet, des commerçants et de nombreux pèlerins empruntaient ce passage. Celui-ci était également le lieu d’importants brigandages.
Au XIe siècle, Saint Bernard de Menthon eut pitiĂ© des nombreux malheureux qui mouraient rĂ©gulièrement en empruntant ce passage. De ce fait, il obtient de l’Ă©vĂŞque d’Aoste qu’une expĂ©dition dĂ©livre le lieu des brigands et que l’hospice soit reconstruit pour hĂ©berger et secourir les voyageurs.
L’info en plus :
En hommage Ă ce bienfaiteur, le col change alors de nom.
L’hospice est ensuite placĂ© sous la juridiction de l’Ă©vĂŞque de Sion, une Ă©glise particulière de l’Église catholique en Suisse. C’est cette particularitĂ© qui explique le fait que l’intĂ©gralitĂ© du col se situe aujourd’hui en territoire suisse.
Jusqu’au XIVe siècle, ce col a Ă©tĂ© l’un des passages principaux entre le sud et le nord des Alpes.
De nombreux marronniers ont exercé au col du Grand-Saint-Bernard. Mais qu’est-ce qu’un marronnier ? Les marronniers sont des professionnels qui ont obtenu durant l’an 1000 le droit de marronnage, un droit qui permet d’accompagner des voyageurs dans les Alpes. Ce sont les prédécesseurs des guides de montagne.
L’hospice avait des marronniers qu’ils rétribuaient et mettaient gratuitement au service des voyageurs. Ces derniers garantissaient notamment le service de la route, ils aidaient les pèlerins ou les marchands à traverser le col et portaient secours en cas de danger.
Les marronniers se composaient d’habitants des villages montagnards voisins. En pratiquant le marronnage, ces habitants trouvaient une source de revenus appréciable.
Les marronniers, ainsi que les chanoines qui les employaient, ont joué un rôle décisif dans la réputation charitable de l’hospice.
À partir de 1650, les marronniers du Grand-Saint-Bernard commencèrent à entraîner les saint-bernards.
En 1786, Horace-Bénédict de Saussure les décrit :
« Mais c’est surtout en hiver & au printemps que leur zèle est le plus mĂ©ritoire, parce qu’il les expose alors Ă de grandes peines & Ă de très grands dangers. Dès le mois de novembre, jusqu’au mois de mai, un domestique de confiance, qui se nomme le Marronnier, va jusqu’Ă la moitiĂ© de la descente au-devant des voyageurs, accompagnĂ© d’un ou deux grands chiens, qui sont dressĂ©s Ă reconnoĂ®tre le chemin dans les brouillards, dans les tempĂŞtes & les grandes neiges, & Ă dĂ©couvrir les passagers qui se sont Ă©garĂ©s. Souvent, les religieux remplissent eux-mĂŞmes cet office pour donner aux voyageurs des secours temporels & spirituels : ils volent Ă leur aide toutes les fois que le Marronnier ne peut pas seul suffire Ă les sauver ; ils les conduisent, les soutiennent, quelquefois mĂŞme les rapportent sur leurs Ă©paules jusque dans le couvent. Souvent, ils sont obligĂ©s d’user d’une espèce de violence envers les voyageurs, qui, engourdis par le froid & Ă©puisĂ©s par la fatigue, demandent instamment qu’on leur permette de se reposer ou de dormir un moment sur la neige; il faut les secoues, les arracher de force Ă ce sommeil perfide qui les conduiroit infailliblement Ă la congĂ©lation & Ă la mort. »
Voyant l’importance du rôle des marronniers dans la région du Grand-Saint-Bernard, le roi Victor Emmanuel II de Savoie décida en 1658 que ces guides soient exemptés des obligations du service militaire. Le roi les proclame soldats de la neige. Ainsi, les marronniers gardent les mêmes fonctions, mais deviennent plus strictement organisés. En 1927, le corps des Soldats de la neige sera supprimé.
Envie de prendre le col du Grand-Saint-Bernard et de découvrir de magnifiques paysages ? Prenez la RN205 à la sortie de l’A40. Avant votre sortie, n’oubliez pas de consulter l’info trafic.
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