Tartelette gianduja : Article publiĂ© dans le n°199 d’Alpes Magazine. Textes : Delphine Pontet – Recette : Alain Perrillat-Mercerot – Photo : GwenaĂ«lle Grandjean / Alpes Magazine.
Produit de la gastronomie piémontaise, le gianduja est né d’une contrainte. Le 21 novembre 1806, débute le Blocus continental décrété par Napoléon Ier afin d’affaiblir le commerce britannique. Sans l’Angleterre, il devient très difficile et coûteux de s’approvisionner en cacao sur le continent. À cette époque, le Piémont est déjà connu pour son travail du cacao, et la région est sous domination française. Les maîtres chocolatiers piémontais peinent donc à trouver de la matière première. Ils ont alors l’idée géniale d’allonger le cacao avec le diamant piémontais, pas la truffe d’Alba (enfin, voyons !), mais la noisette. Cette recette va être améliorée au fil des années. La noisette finira par être toastée, hachée et incorporée à la pâte de cacao, additionnée de sucre… Cette préparation prendra le nom de « gianduja », mot qui désignait un personnage du carnaval de Turin incarnant le stéréotype de l’homme élégant, généreux et toujours heureux (tout mon portrait). Cette drôle d’histoire de blocus fait résonance avec mon enfance.
Dans les années 1970, mon frère Vincent et moi, nous allions chaque année quelques jours à Turin, chez la grand-tante. Nous partions avec nos grands-parents, mamie Simone étant d’origine italienne, enfin non, turinoise. La grand-tante habitait une vieille maison décrépie, au bout d’une impasse, dans les faubourgs de Turin.
La maison possédait un petit jardin où rosiers et figuiers s’accommodaient du peu de soins qui leur étaient prodigués. L’intérieur de la maison était très rudimentaire : la cuisine était sombre avec une pierre d’évier, une grande table, des placards que je n’ai jamais osé ouvrir, le sol était en terre battue. Cette cuisine donnait accès au jardin. Nous passions du temps à vagabonder dans les environs très très proches de la maison, car c’était un peu flippant pour nous, gamins de Thônes, de nous retrouver dans une ville où on ne comprenait pas un traître mot de ce que les gens nous disaient, même s’ils le faisaient toujours avec le sourire ou en rigolant. Mamie, elle, parlait turinois avec la grand-tante, qui, à nos yeux, devait avoir 100 ans.
Nous, les deux frères, n’attendions qu’une seule chose : la balade dans le centre de Turin ! Le passage sous les arcades, les vitrines des pâtisseries… La déambulation dans cette grande ville passait toujours par la dégustation d’un giandujotto, bonbon en forme de petite barque fabriqué à partir du gianduja. Chaque friandise était enveloppée dans une fine feuille d’aluminium afin de préserver toutes les qualités gustatives et le moelleux-crémeux du fameux chocolat. C’est d’ailleurs grâce à ce délice turinois que la marmotte suisse enveloppe le chocolat dans une feuille d’aluminium. Nous rapportions d’Italie des bouteilles (de Cinzano, de Martini…) en les cachant sous le siège arrière de la voiture. Nous étions de vrais contrebandiers. Nous avions la boule au ventre jusqu’à Annecy. C’était l’aventure !
P. S. : Mes grands-parents rapportaient aussi du gianduja et des giandujotti.
Delphine Pontet et Alain Perrillat-Mercerot tiennent le restaurant gastronomique, et hĂ´tel, Atmosphères au Bourget-du-Lac. Un lieu idĂ©al pour s’offrir une belle expĂ©rience culinaire, avec en bonus un panorama extraordinaire sur le lac du Bourget. La cuisine d’Alain : une alchimie entre la terre et l’eau, une symphonie entre le vĂ©gĂ©tal et le minĂ©ral. Une expĂ©rience unique !
Cette série est réalisée en partenariat avec Alpes Magazine. Retrouvez toutes les idées recettes dans la rubrique « Une histoire de goût » du magazine.
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